Sous le drapeau comtois – le lion d’Othon IV

Plus que bien d’autres régions de France, la Franche-Comté affiche ses couleurs. Aux frontons des mairies, dans des lieux publics, et même chez des particuliers, le drapeau comtois est là pour rappeler l’attachement des franc-comtois à leur région et à leur spécificité.

drapeau comtois
d’azur semé de billettes d’or au lion du même, armé et lampassé de gueules…

« Sous le drapeau comtois, qui que tu sois, tu es chez toi ! » dit une maxime comtoise. On ne sait trop d’où vient celle-ci. Ce qu’on sait mieux, c’est comment est né le drapeau au lion. Il s’agit d’un blason créé sous le règne du Comte de Bourgogne Othon IV, au XIIIème siècle.

En héraldique, le blason de la Franche-Comté de Bourgogne se décrit ainsi :

d’azur semé de billettes d’or au lion du même, armé et lampassé de gueules, brochant sur le tout le grand lion d’or de bourgogne armé et lampassé de gueules, sur champ d’azur parsemé de billettes d’or sans nombre

S’il est aujourd’hui connu et reconnu par tous les habitants de la région, le drapeau comtois a pris, au cours de l’Histoire, des significations plutôt diverses.

Othon IV et la France

Au XIIIème siècle, la Franche-Comté est une terre d’Empire. Les comtes sont palatins, c’est-à-dire qu’ils sont les vassaux du Saint-Empire Romain Germanique, et non du Roi de France. Othon IV, comte palatin de Bourgogne, cherche un rapprochement avec le Royaume de France. Il choisit, notamment, d’abandonner son ancien blason.

ancien blason du Comté de Bourgogne
ancien blason du Comté de Bourgogne

L’aigle germanique est remplacé par le lion, plus français, et le Comté de Bourgogne se pare de la couleur bleu-roi. On ne trouve pas encore les billettes, ni d’ailleurs la couronne de Comte. Mais il est clair que, dans un premier temps, le blason des Comtes de Bourgogne se veut un rappel de la culture française de la Province, et le signe d’un éloignement du giron impérial.

Drapeau et autonomie

Mais au fil du temps, et des tentatives d’invasions françaises, le drapeau comtois prend une toute autre signification. On lui ajoute ses billettes (pour le distinguer de celui d’une autre maison, et aussi, sans doute, pour rappeler les nombreuses forêts de la Province).

blason de Franche-Comté
blason moderne de la Franche-Comté

Aux XVIème et XVIIème siècle, les Comtes de Bourgogne sont Espagnols. Les autorités du pays, en particulier le Parlement, modifient le blason. On ajoute au lion comtois, une couronne comtale, symbole de souveraineté, un collier de la Toison d’Or, symbole de la maison de Bourgogne-Comte, et surtout le drapeau devient un symbole de la résistance aux ambitions françaises sur la Province.

Drapeau comtois et régionalisme

Rien d’étonnant donc à voir le blason et le drapeau comtois disparaître après la conquête de Louis XIV. D’autant que la Révolution Française interdit purement et simplement l’utilisation des armoiries de l’Ancien Régime. Disparaître, pas tout à fait, d’ailleurs, puisque le sentiment d’appartenance franc-comtois reste vif, même s’il est parfois clandestin.

On dit que c’est Edgar Faure qui a remis le drapeau comtois au goût du jour, au début des années 1980, en le mettant à la disposition de toutes les mairies de la région. Ce n’est pas tout à fait exact. Car l’attachement au lion comtois a perduré, au fil des siècles.

Ou sinon, comment expliquer que la famille Peugeot l’ait choisi comme emblème de sa société, comment expliquer que les joueurs du FC Sochaux-Montbéliard – les fameux lionceaux – évoluent traditionnellement en jaune et bleu, etc, etc… ?

lion comtois peugeot
le lion Peugeot de 1858 à nos jours

Aujourd’hui, le lion se retrouve un peu partout en Franche-Comté : sur les pots de rillettes comtoises, dans les mains de Thibaut Pinot et Arthur Vichot à l’arrivée du Tour de France, et même dans les supermarchés qui organisent des promotions sur les produits régionaux. Il est le symbole complexe et polysémique de la spécificité non moins complexe de la culture franc-comtoise.

drapeau franche-comté pinot vichot
Thibaut Pinot et Arthur Vichot à l’arrivée du Tour de France

Le blasonnement de la BFC

MàJ janvier 2023

En Franche-Comté, on aime bien la cancoillotte, les saucisses de Morteau, les gaudes… On n’aime beaucoup moins les couleuvres ! On nous avait pourtant, juré craché !, promis que la fusion BFC préserverait l’identité de notre région. Alors, pourquoi diable nous servir ce blason incompréhensible, moche et uniformisant, qui orne certaines mairies de notre pays comtois. Certes, le drapeau comtois y a été inséré (encore heureux !), mais tout de même : est-ce là respecter la différence entre les « deux Bourgognes » ?

Vincent Bousrez

Médiateur culturel et ethnologue de formation, Vincent Bousrez écrit pour le web. Passionné par l'histoire de la Franche-Comté et par la gastronomie comtoise, il s'intéresse pour Franchement Comtois à plusieurs aspects de la culture de notre région.

8 commentaires sur “Sous le drapeau comtois – le lion d’Othon IV

  1. Etant Franc-Comtois, je suis outré, de voir que des inconscients, ont insultés l’Histoire de nôtre très belle Régi, afin de satisfaire des Bourguignons, qui se sont engagés à diminuer politiquement, historiquement, et autres la Franche-Comté. L’Histoire de nôtre Région, n’avait aucune sympathie historique pour la Bourgogne. Au début, nous étions le Comté de Bourgogne, sous la coupe de l’Autriche-Espagne les Habsbourg. A ce jour, la politique véreuse de l’Etat, veut que la FC devienne une province de la Bourgogne. L’Histoire de la FC est plus riche que celle de la Bourgogne. Dans ce cas, faire un Lion différent, mais aussi reconnaissable. Car l’écriture Bourgogne-France-Comté est risible, pas très politique, encore moins historique. Celui qui a lancé ce logo, doit consulter un psychiatre ou psychologue, car il a des gros problèmes d’identité.

  2. erreur d’interprétation : la culture de la franche comté n’est pas française ms suisse.

    par contre, othon IV était probablement 1 francophile & a vraisemblablement essayé de francisé la région.

    1 souverain n’est pas 1 peuple, nuance !

    1. Je ne vois pas bien ce que signifie cette phrase : « la culture de la franche comté n’est pas française ms suisse ». On peut « brancher » (selon l’expression de JL Amselle) une culture à une autre culture à sa convenance (et la proximité entre Suisse et FC est une évidence), il n’en reste pas moins que les langues parlées en Franche-Comté à l’époque sont proches du Français, et non de l’Allemand.

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